Le Bye bye 2021 a sauvé notre année merdique
Le réveillon du 31 décembre s’annonçait à la fois mélancolique et chaotique, à l’image des 12 derniers mois. Le retour du couvre-feu a étouffé notre restant de résilience collective, la Golden Girl Betty White s’est éteinte à l’âge de 99 ans et le service Helix de Vidéotron a planté au début de l’émission spéciale d’En direct de l’univers.
Voyons donc. À un moment donné, la malédiction de 2021, c’est assez, crisse. Heureusement, le Bye bye 2021 chapeauté par Simon-Olivier Fecteau nous a fait oublier cette année extramerdique, gratinée de malheurs, avec son enfilade de vignettes courtes et comiques, piquées d’apparitions surprises.
Patrick Huard en Dan Marino du gym Dégât Fitness, c’était du costaud. Claude Legault en Denis Coderre qui frappe le mur invisible de la pub du passeport vaccinal, c’était du solide. Le retour de RBO – au complet – dans leur sketch iconique du mini-putt remixé à la sauce 2021, c’était parfait.
Et Bruno Blanchet (en Georges St-Pierre ou en Patrice Roy), Seigneur qu’on s’en ennuie. Quelle bibitte humoristique attachante et brillante.
Pas d’avalanche de gags politiques sur la COVID-19 ou de parodie grinçante sur l’état désastreux du monde dans ce Bye bye 2021, dont la mission n’était pas de diviser davantage une population déjà à cran, mais bien de faire rigoler pendant une heure et quart en oubliant le mauvais film dans lequel nous jouons depuis mars 2020.
Les 15 premières minutes bien compactes du Bye bye 2021 ont insufflé un rythme soutenu à l’émission qui n’a pas ralenti, sauf peut-être pendant la portion des Beaux malaises, assez prévisible et moins mordante que le reste de la revue. Cela dit, bravo d’avoir déménagé un immense succès de TVA à Radio-Canada. Il n’y a que Martin Matte qui ait le pouvoir et le talent pour s’élever au-dessus de la guerre des réseaux.
Aussi, quelle bonne idée d’avoir réembauché le talentueux humoriste Pierre-Yves Roy-Desmarais pour le générique musical d’ouverture. Pour paraphraser sa chanson sur Omicron : 2021, y a rien qui a changé, on fait la cinquième vague !
Il résidait exactement là, le défi du Bye bye : rire de la bouette de 2021 sans nous déprimer ou nous assommer. Mission accomplie.
Le procédé de croisement entre un phénomène de culture populaire et un morceau d’actualité a débouché sur d’amusants flashs comme « Les Woking Dead » de François Legault, le Squid Game de l’immobilier ou les parodies Hubert Eats avec le vrai Marc Bergevin qui a mangé du pouding chômeur avec le vrai Mario Tremblay.
En début d’heure, le segment sur Hélo a démontré toute l’efficacité de ce Bye bye 2021. En quelques secondes, Edgar Fruitier, Anne Casabonne, Éric Lapointe et Julie Payette ont tous passé dans le tordeur. Vite fait, bien fait, merci bonsoir.
Les deux actrices de la troupe maison du Bye bye 2021 ont particulièrement épaté cette année. D’abord, Guylaine Tremblay a fait d’excellentes imitations d’Anne Casabonne (vaccin de marde !) et d’Hélène Bourgeois Leclerc. Son Guillaume Lemay-Thivierge, rebaptisé Guillaume Le P’tit Viarge de Chanteurs mascottes, a été surprenant et très ressemblant.
Après une apparition rapide et réussie en Hubert Lenoir, Sarah-Jeanne Labrosse a décroché son meilleur moment en Véronique Cloutier dans la très juste caricature « Véro a chaud », inspirée de Loto-Méno. Personne n’a encore réussi à bien imiter l’animatrice de 1res fois et Sarah-Jeanne Labrosse est celle qui s’en approche le plus. Notons que Stéphane Rousseau fait un Louis Morissette plus vrai que le vrai : « J’appelle Radio-Can tu-suite pour leur dire qu’ils viennent de nous acheter un nouveau show de tévé ! »
Autre coup de cœur : l’humoriste Yannick De Martino qui s’est glissé dans la peau du poète-slammeur David Goudreault, omniprésent et répétitif sur toutes les plateformes en 2021. Je l’ai revu trois fois sans me lasser.
L’humoriste François Bellefeuille se risque moins au jeu du pastiche, préférant incarner des personnages fictifs. Bien aimé, par contre, sa Véronic DiCaire en super extase dans la décapante séquence Chanteurs mascottes, où la « corneille mystérieuse » était seule au monde parce « qu’elle vient de loin ». Je la ris encore.
Quant à Mehdi Bousaidan, il prend du galon avec les années. Sa séquence musicale avec Mathieu Pepper et Sarahmée a été super sympathique.
Bien sûr, cette rétrospective a eu des moments plus mous, comme le hockey à Tivia Sports ou les vacances de Justin Trudeau à Tofino. Dans la saynète des jouets Hasbeen, le gag sur Jay Du Temple qui porte des hauts de pyjama à 800 piasses a été mourant et l’apparition éclair de Pénélope McQuade (excellente Sarah-Jeanne Labrosse) a été savoureuse.
Les voyages d’Arnaud Soly, le retour de Dany Verveine ou le « week-end update » de Céline Galipeau et Pierre Bruneau, imités avec brio par Guylaine Tremblay et Pierre Brassard : le Bye bye nous a servi une cuvée particulièrement relevée cette année.
Allez, précieux lecteurs et lectrices. Je vous embrasse comme dans la pub de Mondou, la plus réussie du 31 décembre. Slurp !